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Agriculture
Agriculture
Le Khmer reste avant tout un agriculteur très attaché à sa terre. Il est généralement très individualiste et jaloux de ses libertés, mais sait faire preuve d'esprit communautaire pour ce qui concerne les activités proprement agricoles. Egalement très conservateur, il est peu porté à accepter d'emblée les méthodes ou les cultures nouvelles. De nombreux étrangers l'ont, dans le passé, jugé insouciant ou même paresseux ; bien sûr, c'est une opinion que ne partagent pas les Cambodgiens  !

Outillage. Sur tout le territoire cambodgien se retrouvent les mêmes outils agricoles qui n'ont souvent subi que peu de transformations depuis la période angkorienne. La charrue, ou plus exactement l'araire, dont le soc seul est en métal et qui est tirée par un couple de boeufs ou de buffles. La charrette, typiquement khmère (on peut l'observer à loisir sur les bas-reliefs des temples), légère, solide, élastique, entièrement construite en bois, et très jolie. La faucille, coudée, à lame très courte, utilisée pour la moisson des paddys. Il y en a, bien sûr, des dizaines d'autres, que vous découvrirez au fur et à mesure et que vous pourrez tenter de marchander auprès des paysans car il y a de très beaux objets auxquels un long usage a donné une superbe patine.

Pêche
Pêche en eau douce. Il n'est pas un voyageur au Cambodge d'avant-guerre qui n'ait mentionné dans ses récits les pêches miraculeuses auxquelles il a pu assister ou dont il a entendu parler. Ces évocations d'ordre littéraire sont absolument confirmées par les observations scientifiques qui reconnaissaient que les grands lacs du Cambodge figurent parmi les plus poissonneux du monde. La raison de cette richesse ichtyologique est essentiellement due aux conditions très particulières du régime des eaux qui fait passer le grand lac Tonlé Sap de 2 700 km² en basses eaux à 10 000 m² en période de crue et transforme la forêt inondée en un extraordinaire réservoir à plancton.

Dans les fleuves, en particulier dans le Mékong, se pratique la pêche au filet flottant dont la senne, manoeuvrée par une série de sampans, peut avoir de 1 000 m à 2 000 m de longueur. Les Cham utilisent généralement un attirail de pêche plus réduit, notamment l'épervier ainsi qu'une sorte de grand carrelet carré placé à l'avant d'une embarcation.

Dans les preks - affluents du Mékong - la technique la plus utilisée est le barrage construit à la décrue et ménageant un canal déversoir qui se termine dans une nasse où le poisson est aspiré par le flot. La période des pêches se place sept jours avant la pleine lune, en décembre, janvier et février. Les chambres de capture sont alors relevées toutes les deux heures, et les pêcheurs, plongés dans cette masse de poissons, en assurent la vidange à pleins paniers. Il existe une autre technique de pêche, plus récente mais fort développée à l'heure actuelle : il s'agit de la pêche à l'explosif. Théoriquement interdite, elle a encore de beaux jours devant elle dans la mesure où le gouvernement ne dispose d'aucun moyen de faire appliquer la loi. C'est fort dommage pour l'écosystème qui commence à en pâtir sérieusement, certains cours ou plans d'eau étant quasi dépeuplés par cette pratique qui laisse à chaque fois largement plus de 70 % de poissons crevés au fond. Les pêcheurs utilisent la grenade ou bien des engins artisanaux fabriqués à partir de bombes non explosées que l'on scie pour en retirer l'explosif.

Il était une fois trois pêcheurs de la région de Battambang, qui ne deviendront probablement jamais prix Nobel de physique. Ayant vainement tenté de scier deux grosses bombes pour en extraire l'explosif, ils les ont mis à ramollir... sur le feu  ! Trois morts... et des générations de poissons provisoirement épargnées.

Industries de la pêche. Les périodes et les régions de pêche étant assez étroitement limitées, le problème de la conservation du poisson est d'une importance capitale. La méthode la plus couramment employée est le séchage, au cours duquel les poissons, après avoir subi un commencement de fermentation, sont salés et exposés au soleil pendant environ 48 heures. Cette opération fait perdre au poisson les deux tiers de son poids.

Les sauces de poissons, ou teuk trey, sont préparées en mélangeant le poisson entier, non vidé, avec du sel. Après quatre à six mois, le poisson se liquéfie, et les matières alimentaires de la chair passent dans la sauce qui constitue véritablement du poisson liquide. Cette sauce est consommée mélangée avec du riz et des légumes.

Le prahok, qui est le condiment national khmer, est une pâte de poisson fermentée obtenue à partir d'un petit poisson pêché en très grande quantité dans le Tonlé Sap et autres rivières. Le prahok est fabriqué à partir de certaines espèces de poissons mélangées à du riz grillé et broyé.

Les déchets de poisson sont utilisés pour fabriquer une huile blonde, assez limpide, employée pour l'éclairage dans les villages. Les résidus de cette fabrication peuvent être transformés soit en farines de poisson pour l'alimentation animale, soit en engrais pour les cultures maraîchères.

Vie maritime. La côte cambodgienne du golfe du Siam, bien abritée par de nombreuses îles, constitue un refuge de prédilection pour les bancs de poissons migrateurs qui y trouvent une alimentation riche dans les eaux déversées par les rivières côtières. Encore relativement préservée de la pêche intensive pratiquée dans les pays voisins (cela ne durera pas, car Thaïs et Vietnamiens sont de plus en plus présents...), la côte khmère abrite en grand nombre toutes les espèces de poissons présentes dans la mer de Chine. La pêche se pratique toute l'année, mais principalement d'octobre à mars, le long des côtes et sur des fonds ne dépassant guère une vingtaine de mètres. Les techniques de pêche ainsi que les embarcations sont de type traditionnel et ne permettent pas d'obtenir de très hauts rendements.

Les autres industries
En dehors de ses industries traditionnelles et ancestrales, le Cambodge n'est encore guère développé, rien à voir avec ses voisins vietnamien et thaï. Notons tout de même l'hévéaculture introduite par les Français et assez mal gérée depuis, les plantations autour de Kompong Cham comptèrent parmi les plus grandes du monde. Le secteur de l'industrie textile, assez nouveau au Cambodge, emploie des dizaines de milliers d'ouvrières non qualifiées et génère quelques millions de dollars de revenus, mais il s'agit là d'une activité très fragile initiée par des Chinois de l'étranger et soumise à des quotas américains et européens. Ces activités risquent d'être délocalisées au Bangladesh ou en Indonésie.

Place du tourisme
Seconde source de revenus nationale, le tourisme est pour le moment la seule véritable industrie moderne viable du Cambodge. Malheureusement, cette activité souvent anarchique ne répond pas aux attentes du marché. L'environnement n'est pas respecté. La culture rarement valorisée. Les représentants du ministère ne semblent pas s'investir suffisamment sur le terrain sans parler des magouilles immobilières.

Après un fort ralentissement au milieu des années 2000, dû aux affrontements militaires, le nombre de visiteurs a repris son envol et a doublé entre 2006 et 2012 (de 1,7 million à 3,5 millions par an). La progression de 24,4 % du nombre de touristes entre 2011 et 2012 a permis au pays d'enregistrer une progression de 7,2 % de sa croissance économique en 2012, un résultat supérieur aux attentes de la Banque mondiale et du FMI, qui tablaient plutôt sur une croissance autour de 6 %.

Enjeux actuels
Le Cambodge fait face à un défi majeur : plus de 50 % de sa population est âgée de moins de 25 ans, manque d'éducation et d'aptitudes professionnelles poussées, surtout dans les régions les plus pauvres du pays, marquées par la quasi-inexistence d'infrastructures de base.

L'économie du pays repose principalement sur la production de vêtements. Cette industrie emploie plus de 280 000 personnes (5 % de la force de travail) et contribue à plus de 70 % des exportations. Elle doit faire face à la concurrence féroce des voisins vietnamiens et bangladeshis, qui empêche un véritable relèvement des salaires et des conditions de travail, même si, selon la fondation Heritage, celles-ci ce seraient légèrement améliorées ces dernières années.

Le fort développement de l'économie, et notamment l'arrivée massive de capitaux étrangers, reste gêné par la généralisation de la corruption. Le Cambodge est ainsi classé 157e sur 180 pays dans l'index 2012 des Perceptions de la corruption, réalisé par Transparency International. La corruption du secteur judiciaire serait le plus important facteur empêchant les investissements étrangers, les demandes de pots de vin étant considérés comme communs. La présence de trafiquants de drogues et de syndicats mafieux serait favorisée par ce cadre plus que douteux. Même si les entreprises à 100 % étrangères sont autorisées dans la plupart des secteurs, ce qui n'est par exemple pas le cas en Chine, le manque de transparence de la justice et des régulateurs apparaît comme un frein supplémentaire.

Le développement du secteur minier pourrait cependant profiter au pays. Des réserves de pétrole exploitables ont en effet été trouvées dans ses eaux territoriales et le nord du pays possède, selon le gouvernement, de fortes réserves en or, argent et bauxite. Tout dépendra là encore de la manière dont le gouvernement gérera ces activités, qui pourraient s'avérer porteuses, au moins en termes d'emplois non qualifiés.

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